jeudi 2 mai 2013

Docteur Steven & Mister Moffat




Dimanche soir dernier j'ai passé un cap, j'ai pris sur moi mais depuis ça va mieux. En effet c’était la première fois depuis que j’ai rattrapé mon retard sur les diffusions (à la fin de la saison 5) que je n’ai pas regardé un épisode de Doctor Who le jour suivant sa diffusion sur la BBC. Je n'ai pas, encore, visionné Voyage to the Centre of the TARDIS et a vrai dire, je m'en fous. C’est peut être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup, ça veut dire que j’étais libre, heureux d’être là malgré tout. Bref tout ça pour dire que j’ai de plus en plus de mal à m’enthousiasmer pour la série britannique malgré mon profond respect pour l’institution et la qualité générale depuis le reboot qui lui avait permis de se classer dans mon top 5 personnel. Et c’est d’autant plus dommage que cette lassitude apparaît alors que la série va fêter ses 50 ans en Novembre prochain. Toujours est-il que ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs qui incombent à la fois à son show runner en la personne de Steven Moffat mais aussi à la série en tant que telle.



Depuis la renaissance de Doctor Who la série a connu deux show runners qui s’occupaient de la trâme scénaristique générale des différentes saisons, Russell T Davis de la saison 1 à 4 avec Christopher Ecclestone et David Tennant dans le rôle du Docteur puis Steven Moffat de la saison 5 à nos jours avec Matt Smith dans le rôle principal. Les producteurs ont eu la bonne idée de changer à la fois de scénariste principal et de Docteur pour permettre à la série de repartir, presque, à zéro. La grandiloquence un peu niaise de Davis avait eu le don de taper sur les nerfs après 50 épisodes (never forget la fin de la saison 4) et le ton adulte et plus mature de Moffat (Jekyll, Sherlock) permettait de voir l’avenir de Doctor Who sous les meilleures auspices. Surtout que ce dernier connaissait déjà la maison puisqu’il avait déjà écrit quelques épisodes lors des saisons 1 à 4 qui comptaient d’ailleurs comme les plus réussis de la série: The Empty Child/ The Doctor Danses de la première saison, The Girl in the Fireplace tiré de la saison 2, Blink de la saison 3 mais aussi le fabuleux double épisode de la saison 4 Silence in The Library / Forest of the Dead. Si vous connaissez la série au moins un de ces épisodes figurent parmi votre panthéon personnel à coup sûr. Dans le cas contraire vous vous faites spoilé comme des gorets, bien fait pour vous.

Comment ça je suis un emo?

Le tandem Smith / Moffat fonctionna à merveille le temps de deux saisons. Bien sûr au départ on ne pouvait que regretter les Converse et les favoris de Tennant mais son personnage de Docteur s’était peu à peu transformé en un Jenna Lee des temps passés, présents et futurs. Victime comme je le disais plus haut du style Davis. La personnalité du 11ème Docteur tranchait considérablement avec ses prédécesseurs, moins d’empathie et plus de pragmatisme était obligatoire pour correspondre avec l’univers de Doctor Who imaginé par Moffat. La saison 5 reste pour moi la plus réussie de l’histoire récente de Doctor Who, un arc scénaristique dilué intelligemment sur l’ensemble des épisodes (on est loin du Bad Wolf en Comic Sans qui clignotait à l’écran tous les 5 minutes lors de la première saison), une relation avec les compagnons réussie et crédible, des épisodes stand-alone qui s’imbriquait de la meilleure des façon avec la trame scénaristique et une fin de saison enfin réussie après deux échec malencontreux lors des saisons précédentes. Ce cocktail détonnant se poursuivit lors de la première partie de la saison 6, notamment le double épisode qui inaugurait cette dernière. Mais déjà les premières failles (hoho) dans l’armure presque trop parfaite des scénarios de Moffat se laissaient deviner, on commençait à se faire bien chier, passez moi l’expression, lorsque le Docteur, Rory et Amy n’étaient pas à la poursuite du Silence. Le résultat est une demi-saison bancale entre la jouissance du scénario principal et le pathétique des épisodes seulement là pour remplir la saison. Et le paroxysme est atteint lors de l’épisode qui clot la première partie de la saion 6, A Good Man Goes to War. Petite merveille scénaristique qui est la quintessence de ce que peut apporter Doctor Who et plus précisément Steven Moffat. Mais après cette réussite sur tous les points, l’impression d’avoir “Jumping The Shark” se fit cruellement sentir et la suite des évènement va, malheureusement, dans mon sens pour être tout à fait honnête. Honnête d’ailleurs est la fin de la saison 6, un deçà en dessous de sa grand soeur notamment un season final un poil léger mais rien a voir avec la catastrophe qu’est la saison 7 à mes yeux.

Miss me?


Tout d’abord le gâchis des Ponds, jamais des compagnons n’avaient duré aussi longtemps au côté du Docteur et jamais un départ n’avait été aussi ridicule. Même Martha s’en est mieux sorti, c’est dire. 2 ans et demi de bons et loyaux service pour des adieux expédiés en deux temps trois mouvements. Alors que tous les ingrédients étaient réunis pour que leur départ, à l’image de leurs aventures, restent gravés dans la mémoire des fans: New York, le retour des Anges Pleureurs, un Docteur charismatique et Moffat aux commandes. Et bien oui mais non. Même pas moyen de pleurer comme avec Rose ou de se remémorer les souvenirs de la joyeuse bande, non non ma brave dame c’est plat, raté et pas émouvant pour deux sous. Et pourtant Moffat avait essayé de faire monter la sauce avec l’épisode qui précédait mais le tout était maladroit et le seul intérêt du dit épisode était de retrouver ce bon vieux Arthur Weasley (à quand Rupert Grint en Docteur d’ailleurs?). Et pour rester poli je laisse de côté Dinosaurs on a Spaceship et A Town Called Mercy qui se sont tirés la bourre pour remporter la palme de l’épisode qui essaie de remplir 40 minutes d’antenne avec du vide. En plus de ne rien apporter à la série (ce qui en soit n’est pas un mal dans un univers aussi touffu que celui de Doctor Who), ils ont le culot d’être chiant comme une phase de Mako dans Mass Effect. Sans oublier le semi-ratage de l’apparition de la nouvelle compagne qui se devait d’être “trop bien” après les Ponds. Alors on va lui donner une super background t’as vu, genre elle est morte deux fois et ça va nous donner un arc narratif trop trop intéressant. Et en plus elle est super jolie, ça c’est important.

Pas de jaloux David ma fin va être aussi naze que la tienne


Malheureusement Moffat a l’air de tomber dans les travers de son prédécesseur à savoir le “too much”. Dans une série avec une histoire aussi importante (on parle quand même de 240 épisodes d’une heure en moyenne) et un lore aussi bordélique il est difficile de faire de l’inédit. Davis avait alors versé dans le grand n’importe quoi à la fin de son règne rendant ainsi les derniers moments de David Tennant pour le moins pénible. Que le Docteur sauve l’univers à chaque fin de saison ça me semble la moindre des choses mais que l’on finisse par le cloner, déplacer des planètes ou même rebooter l’univers tel un vulgaire ordinateur en LAN ça commence à faire beaucoup. Et il en va de même pour les compagnons. Ce qui faisait le charme de Rose, Donna ou les Ponds (je mets volontairement Martha de côté je pouvais pas l’encadrer) c’était la simplicité des personnages à première vue, la première n’était qu’une ado’ qui bossait aux Galleries Nelson du coin, Donna une cougar femme mûre (ça reste une anglaise hein, on a pas les mêmes standards) qui cherchait à fuir son quotidien et les deux derniers un couple finalement tout ce qui a de plus standard. Des personnages qui évoluaient en même que leur voyage aux côtés du Time Lord et qui restait profondément humains. Avec Clara on ne sait pas sur quel pied danser et on a du mal à apprécier le personnage ou ne serais-ce qu’à le cerner car finalement on ne sait rien de la demoiselle et que pour la première fois depuis le reboot on a besoin d’en savoir plus. Rajoutez à celà l’alchimie qui a du mal à se créer entre le Docteur et sa partenaire et pour la première fois je suis à me demander si la relance de la série ne passerait pas par le départ de Moffat et/ou Smith.



J’ai l’impression que Moffat a du mal à laisser aux autres scénaristes la place de s’intégrer à ses arcs narratifs. Par exemple deux épisodes récents ont été écrits par le créateur et scénariste de l’excellente série policière Luther, ces deux épisodes se sont révélés être de véritables purges où on ne retrouvait ni l’esprit glauque et malsain de la série avec Idris Elba (le premier Docteur noir? Oui je sais je vois des futurs Docteur partout et je vous emmerde) ni un bon épisode de Doctor Who. La faute à qui? A Moffat qui ne donne pas carte blanche aux scénaristes “intérimaires” comme le faisait Davis? Ou à un univers infini où, aussi bizarre que cela puisse paraître, tout à été fait et où trouver sa place est finalement plus difficile qu’il n’y parait?

C'était mieux avant hein?


Je n’aurais jamais pensé en arriver là car jusqu’à peu j’étais un fervent participant de la pétition “Matt Smith Gooddest Doctor Ever” mais j’ai l’impression d’arriver à une fin de cycle comme ça avait déjà été le cas avec Tennant. Eccleston avait eu le cran de ne faire qu’une saison, suffisamment pour s’attacher à ses “fantastic” et ses grandes oreilles et pas trop pour éviter de se lasser et de lasser. Car c’est finalement la force de Doctor Who, les acteurs et les scénaristes peuvent se succéder l’univers lui restera. Il ne faut pas que la série devienne prisonnière d’un show runner ou d’un Docteur, elle appartient à tout le monde et se doit d’évoluer fréquemment pour éviter de tomber dans une routine qui lui correspond peu, c’est d’ailleurs pour cela qu’elle est encore présente à l’heure actuelle à l’antenne. En espérant que la série ne souffre pas du syndrome Big Bang Theory connu aussi sous le nom de “Série qui n’a de sens qu’en se faisant une saison en une journée car pris individuellement ils sont moins agréable qu’une ablation de la rate”. Pour les anglais comme pour nous le changement c’est maintenant. Comment ça on est pas en 2012?


Balin

1 commentaire:

kéké a dit…

My god, t'arrives a rager autrement que en quatre mots, et en plus t'en met 10 pages.